Xiou et Tania ont finalement décidé de m'accompagner à la gare. Après avoir recommandé aux hôtesses de bien prendre soin de moi, les adieux prennent une forme cinématographique, en agitant mon chapeau par la fenêtre du train.
Si le transsibérien est mythique pour les occidentaux, ce n'est qu'un banal et laborieux moyen de transport pour les russes. Avec mon billet de troisième classe, je suis le seul non-russe dans le wagon. Et je deviens donc le passager curieux...Chacun y va de son effort pour m'apprendre quelques mots en russe ( Merci a Christian pour son lexique).
A quelques heures a peine de Moscou apparaissent déjà les étendues vertes et sauvages à travers lesquelles je me vois déjà galoper...
La nuit tombante fait monter la brume des champs, et le train filant vers l'est monter en moi l'agréable sensation à la fois apaisante et excitante tant attendue.
De temps à autres, le train s'arrête: des marchands et paysans étalent leurs produits locaux pour nourrir les voyageurs. Je me trouve bien bête d'avoir embarquer de quoi manger pour 4 jours! (ah.. la peur du ventre...)
La valse à quatre temps du paysage qui défile rythme les heures que je partage entre l'inter-wagon, le nez colle à la vitre, et Kundera (Merci infini Nanne/ c'est exactement ce dont j'avais besoin; j'ai ralenti ma lecture afin que le livre puisse m'accompagner tout au long du trajet et pour que la nostalgie des dernières pages n'arrivent qu'à l'approche de mon terminus.)
Les corps affalés sur les couchettes cherchent tant bien que mal un peu de fraicheur dans ce sauna ou les odeurs corporelles se mélangent au odeurs de saucisses et de fromage. Heureusement, plus l'est approche, plus la température descend...
Les voyageurs essaient d'occuper le temps, mais c'est finalement le temps qui prend possession des voyageurs.
Le gros ventripotent allongé laisse sa graisse valser au rythme des 4 temps; le vieux bouriate, qui a cassé ses lunettes, tient maladroitement ce qu'il en reste pour lire son journal; le petit Simon gagne toutes les partie de Darack ( jeu de carte National dont il m'aura bien fallut 4 parties pour comprendre les règles, difficultés de langage oblige!); Dimitri et Nicolas boivent bière sur vodka, me posent trois fois par jour les mêmes questions et m'expliquent que "tu n'es pas vraiment un homme russe: ce n'est pas de la vodka qui te coule dans les veines..."
Le sommeil est généralement peu profond à cause de l'exiguïté des couchettes, de la sirène tonitruante du train et des sifflements de nez d'un de mes voisins.
Je mange inlassablement mes tomates sans sel, bois mon thé sans sucre et ma soupe en poudre ( eau chaude à volonté).
Chaque arrêt voit partir son lot de voyageurs a qui l'on dit au revoir comme dans une colonie de vacances où chacun partirai à son heure.
Après environ 90 heures de train, c'est à mon tour de descendre et la moitié du wagon se sentant responsable de l'étranger, vient tour a tour me prévenir de me préparer, car je dois bientôt descendre...
Irkutsk, quelques jours d'arret........
9 commentaires:
Ravi de ré avoir de tes nouvelles, nous on est bien content de dormir dans notre auberge (même si la gente féminine dégage elle aussi une certain odeur... LOOOL) Plein de bisous on suit de très prés ton périple ! bise!
Merci de nous faire vivre ce trajet dans le transsibérien qui reste bien mythique pour nous. A la finesse de tes détails, on sent les odeurs et ressent les soubressauts du train. Gros bisous.
Wouah... quel périple ! Tu décris tellement bien le trans-sibérien qu'on a vraiment l'impression d'être ton compagnon de voyage.
J'attends la suite avec impatience. Bisous, Nathalie (la cousine !)
Je suis très touchée et heureuse que Kundera t'ait accompagné durant ce voyage unique. Ce livre m'avait tellement marquée, je l'avais lu en montagne...
Ces longues heures de train semblent avoir été propices à la poésie et à la méditation... Tu les décrit merveilleusement bien!
A bientôt d'encore plus loin...
Mes parents se sont enfin décidés à s'inscrire pour commenter ton blog...Mon papa était très touché de découvrir ton blog et ta formidable aventure...
Magnifique,
je te savais doué pour la photo, mais je ne pensais pas que tu puisse être "poète". Merci de nous faire partager ces moments avec toi. J'ai tes images et celles dont tu me fais rêver qui rodent dans ma tête.
Continue comme ça et fait nous vivre un peu de ton voyage.
Pleins de bisous de presque nous trois.
Whaou on a l'impression de lire un roman. C'est trop bien. Bonne continuation.
Mathie & Ben
mon Seb,
Tes descrptions sont magiques et me font voyager à tes côtés.Tes mots activent mes sens et me transportent sur la couchette qui jouxte la tienne...Merci
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