Nous nous retrouvons avec Véronique et Olivier vers 8h au départ des bus sous un ciel bleu. Le mini bus mettra presque 3h à se remplir. A quatre sur des banquettes de trois, nous nous retrouvons entassés à 14, plus le chauffeur, les genoux dans les oreilles, et les coudes dans celles des voisins, pour 8 heures de piste archi-chaotique.
A côté de moi, un jeune mongole assez étrange, très fier de son corps. Il me fera tâter ses muscles à plusieurs reprises avant de les comparer avec les miens, et de frapper fort sur son torse pour me montrer qu'il est vraiment très fort!!!
Il semble en revanche assez jaloux de ma barbe ( qui commence d'ailleurs à me changer le visage).
Cassés, nous arrivons le soir au Morin-Jim Café où nous attend Pujee, avec qui nous organisons notre périple équestre. Dimanche 8h, je me lève sous un ciel bleu. Ne partant que lundi cela laisse le dimanche pour visiter le temple de .........
Il fait froid mais sec, et je retrouve enfin les bonnes sensations de voyage perdues la semaine passée à Oulan Bator.
Protégé par des remparts, ce temple calme et paisible est composé en plusieurs parties, chacune arborant ses trésors.
Vers 10h30, deux très jeunes moines sonnent la conque qui annonce le début de la cérémonie.
Je ne pouvais décemment pas vous faire partager cette cérémonie à travers les photos, mais fermez les yeux ( pas facile pour lire....) et imaginez deux fois quatre rangées de bancs qui se font face sur lesquels sont assis les moines des plus jeunes (de moins de 10 ans), aux plus anciens (dont les rides donnent aux visages cette impression de sagesse et de quiétude). Plus ou moins au centre, un moine assez âgé semble diriger la cérémonie. De temps à autres, retentissent conques et cymbales avant que les chants ne reprennent. Des bols de lait sont servis aux moines, puis de l'huile déposée aux creux de leurs mains. Ils la dépose sur les lèvres, les joues, les sourcils puis sur le crâne.
A la sortie, je m'assieds à côté de Batdelger qui me présente sa famille.
Autour de nous, les remparts du temple. Autour des remparts, les collines, les steppes, les courbes harmonieuses de la Mongolie.
Lundi, fin de matinée, Gundjee, notre jeune guide de 18 ans, ajuste le cheval de bat et nos étriers, et nous voilà partis. Les premières sensations agréables de la découverte laissent vite place au mal de fesses et des mollets meurtris pars les sangles des étriers. Ces douleurs ne s'estomperont pas du séjour mais deviendront supportables avec l'habitude.....
Les chevaux mongoles sont petits et trapus mais assez dociles, et les nôtres très bien dressés.
Le vent assez violent de ce premier jour n'effacera pas la magie de la découverte de ces premiers paysages sauvages.
Quelques escarres et tranches de mollets plus tard, nous arrivons dans la première famille de nomades où nous allons passer la nuit.
L'hospitalité chez les nomades est tout à fait particulière. Les uns entrent chez les autres où ils y trouvent toujours à boire et à manger, et en repartent après quelques mots.
Chez les nomades, on ne boit pas d'eau. On y boit du thé ( où le lait remplace l'eau),de l'Airag ( à base de lait fermenté) et de la vodka fait à partir de l'airag.
Les pâtisseries sont à base d'une pâte très dure au goût très fort de fromage.
Les repas sont toujours à base de mouton bouilli et décliné sous diverses formes: avec du riz, des pâtes faites maison dans des petits beignets, ou plus basiquement, dans une soupe de farine et de gras....
Pour subvenir à tout cela, il faut s'occuper de troupeaux entiers de moutons, de chevaux, de vaches, de yacks, de chèvres, etc....
Le logement est une ger ou une Yourthe faite d'une armature circulaire en bois entre 4 et 6 mètre de diamètre et coiffée de lattes en bois pour joindre le petit dôme somital par lequel entre la lumiere du jour et sort la fumée du petit poêle central. Deux à trois lits par yourthe, quelque soit la taille de la famille, des meubles peints, un hôtel bouddhiste, des photos de famille et un nombre incalculable de mouches... Les familles les plus aisées possèdent des panneaux solaires qui leur permettent de charger des batteries et d'alimenter une ampoule éco pour le soir. Sinon, on se couche avec le soleil.
Pour profiter pleinement de cette aventure, il faut oublier complètement son mode de vie, d'alimentation, son confort, son hygiène, et toutes ses certitudes, accepter que les nuées de mouches fassent partie de son quotidien, et de manger de la soupe de farine au gras dès le matin devant les abats en train de se vider pour le midi.
Rapidement la notion de jour de la semaine n'a plus aucun sens et le temps n'est désormais plus rythmé que par le soleil et tâches quotidiennes des nomades :
Déplacer les troupeaux, traite des yacks, des juments, et des brebis, aller chercher de l'eau au puits tiré par un buffle qui connaît la route, brasser l'airag durant des heures, préparer le repas du soir, le thé, les pâtisseries au fromage etc....
Les journées se ressemblent. Les paysages, et les gens changent.
D'un coté, l'immensité, l'infini, de l'autre, les courbes des collines si harmonieuses qu'aucune main n'aurait su mieux les dessiner. Au dessus, le ciel ,les aigles, et quelques nuages qui créent des zones mouvantes dans le camailleux de vert .
Cet univers, s'il est rude pour l'homme, doit ressembler au paradis des animaux. Nous croisons à longueur de journée des troupeaux de chevaux sauvages, de yacks, de moutons, de chèvres, tous vivant ensemble en liberté...
Le premier cheval que je monte est un goinfre. Ils s'arrête tous les 2 pas pour brouter. Je suis mal placé pour dire quoi que ce soit, mais quand, au trot, il pile net et manque à maintes reprises de me faire passer par dessus sa tête, cela devient rageant. Tant et si bien qu'il finira cheval de bat, et je récupère Caramel, avec qui je partagerai de beaux galops dans les plaines.Caramel est très obéissant, mais possède une grande part de responsabilité dans le taux de méthane de l'atmosphère....
Nous nous faisons surprendre un après midi par une chute de grêlons gros comme des billes de cours d'école, aussi soudaine que brève. Juste le temps de recouvrir de blanc le sol et de rendre boueux le chemin raide et escarpé menant au temple. Celui-ci est si haut perché, que nous finissons en escalade (sans les chevaux bien sûr....) avant d'arriver au Kairn sacré sommital interdit aux femmes !
Un après-midi, fier de mon aisance et voulant faire le malin, je demande à monter un cheval des nomades avec une vraie selle mongole en bois, et montante. Mais celle-ci n'était pas vraiment serrée et me voilà glissant de ma monture, retenant le cheval par les rennes qui, affolé, se retourne et se cabre, me donnant un coup de pattes arrières bien placé ...enfin presque, ouf!
Je ne m'en tirerai qu'avec un joli bleu.
Nous parcourons en moyenne 30km par jour, excepté cette interminable journée où, arrivés dans la famille après nos 30 km quotidiens, nous demandons à aller voir les chutes d'Olkhon qui, sur le tracé de la carte fait par Pujee, semble tout près....
Le tracé devait être inexact, car les chutes étaient en fait à 25km de notre campement, soit 50 km aller/ retour...
Retour évidement de nuit sous le clair de lune et les chants de Gundjee
Ainsi se passent nos journées à cheval où sous les yourthes, à galoper ou à traire les yacks, à traverser ces paysages grandioses et paisibles et à partager la vie des nomades.
Dur retour à Oulan Bator où, une fois récupéré mon visa chinois, je me bagarre avec mon histoire de carte bleue pour pouvoir repartir dans le désert de Gobi demain....
A très vite....
6 commentaires:
ça a l'air génial... tes photos sont superbes... bref ça fait très envie tout ça! :)
souvent quand je regarde le ciel je pense à ton voyage, et je me dis que nous sommes sous la même voûte céleste mais à des kilomètres... ça fait rêver...
La lecture de cette note me laisse toute rêveuse...C'est tellement beau, étrange et en même temps je t'y vois parfaitement!
J'espère que tu vas vite te sortir de tes histoires de carte bleue et autres soucis ennuyeux - ça fait parti du voyage mais bon ça me semble quand même bien chiant! Bon courage pour ça et profite bien du reste...
A très bientôt dans le désert alors...
Bisous!
PS : j'aimerais bien voir une photo de toi avec la barbe!!
waou!! splendide : les textes, les photos! ça donne vraiment envie!!encore, encore!!!
wahouuu ! bravo pour ton récit qui nous fait voyager avec toi !
c'est carrément magique tout ça
on attends déjà la suite avec impatience
tes photos sont très très belles et emouvantes
bon courage pour la suite
mylène
Sympathique péripéties !
Ca a plus de charme que les grandes plaines picardes que je parcours ces temps-ci ! :-)
En tous cas c'est la première fois qu'un brasseur occasionnel d'airag me dit que le Caramel émet du méthane :-) Mais il peut déculpabiliser, ce n'est pas le responsable de l'effet de serre anthropique.
Bonne suite de voyage en Chine et que la force soit avec toi ! (et avec ton esprit ! :-) )
Je suis littéralement époustouflé par tes photos! tu es parti avec Photoshop?!!!! Elles me donnent des frissons et m'émouvent beaucoup! quelle splendeur!
Bravo!
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